GLOSSAIRE
Comme toute science sociale, la géohistoire possède son raisonnement propre, qui n'est pas la simple juxtaposition des raisonnements historique et géographique. La spécificité de cette démarche tient dans la combinaison à parts égales de ces deux types de raisonnement. Un bon exemple en est donné par les principes de Christian Grataloup.
Un principe géohistorique est un type de modèle spatio-temporel. Il se définit comme "une logique de situation géographique couplée à un processus historique type, l'un expliquant l'autre, sans ordre de préséance heuristique" (Introduction à la géohistoire, page 177). On est donc en même temps dans l'analyse spatiale et dans l'analyse historique. Un principe géohistorique est donc à la fois un chorotype géographique et un chronotype historique. Par son degré de généralisation, il ne prétend pas décrire concrètement la réalité mais en donner une modélisation à des fins d'analyse et de compréhension.
Un des huit principes géohistoriques théorisés par Christian Grataloup est celui d'Hakata. Pour mettre en forme ce principe, il s'appuie sur le cas concret de la bataille d'Hakata (1281, Japon) qui vit l'échec de l'invasion mongole de l'archipel nippon.
Ce principe définit une logique de positionnement périphérique au sein d'un système spatial donné. La situation d'angle protégé (île, péninsule, archipel) du lieu étudié a comme conséquence une arrivée plus tardive des innovations provenant de l'extérieur, retard causé par une discontinuité géographique (mer par exemple). Le processus d'accumulation y est plus lent mais aussi plus durable car peu soumis aux invasions. La position de marge entraîne donc à la fois un retard (technologique, économique...) mais aussi une mise à l'abri.
Sur un temps plus ou moins long, une situation périphérique voire marginale de type Hakata peut devenir un lieu central (renversement du centre et de la périphérie).
Ainsi, un lieu défini par le principe d'Hakata connaît différentes phases, que l'on peut récapituler comme suit :
- Arrivée tardive des diffusions issues du centre du système spatial entraînant un démarrage lent des processus cumulatifs.
- Simultanément, risque plus faible d'être menacé par les invasions et destructions qui touchent le coeur du système (principe de Bagdad); l'accumulation n'est pas remise en cause.
- A terme, un lieu marginal favorisé peut devenir un lieu central.
Le principe contraire de celui d'Hakata est celui de Bagdad. Ces deux principes s'appuient sur des logiques de diffusion.
Sources :
GRATALOUP Christian (1996), Lieux d'Histoire. Essai de géohistoire systématique., Montpellier, GIP-RECLUS, Collection Espaces mode d'emploi, 200 pages.
GRATALOUP Christian (2015), Introduction à la géohistoire., Armand Colin, 221 pages.
Définition ajoutée à notre GLOSSAIRE. N'hésitez pas à le consulter pour vous familiariser avec le langage du géohistorien.