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"La Géographie n'est autre chose que l'Histoire dans l'espace, de même que l'Histoire est la Géographie dans le temps." Elisée Reclus, L'Homme et la Terre, 1905.

L'objectif de ce site est de faire connaître l'épistémologie et les didactiques de la Géohistoire. Il veut être un lieu centralisant les différentes actualités géohistoriques aussi bien dans l'Enseignement que dans la Recherche.

lundi 20 septembre 2021

Le Mot du Mois : CONSTANTINOPLE (principe de)

 GLOSSAIRE

Comme toute science sociale, la géohistoire possède son raisonnement propre, qui n'est pas la simple juxtaposition des raisonnements historique et géographique. La spécificité de cette démarche tient dans la combinaison à parts égales de ces deux types de raisonnement. Un bon exemple en est donné par les principes de Christian Grataloup

Un principe géohistorique est un type de modèle spatio-temporel. Il se définit comme "une logique de situation géographique couplée à un processus historique type, l'un expliquant l'autre, sans ordre de préséance heuristique" (Introduction à la géohistoire, page 177). On est donc en même temps dans l'analyse spatiale et dans l'analyse historique. Un principe géohistorique est donc à la fois un chorotype géographique et un chronotype historique. Par son degré de généralisation, il ne prétend pas décrire concrètement et totalement la réalité mais en donner une modélisation à des fins d'analyse et de compréhension. 

Un des principes géohistoriques théorisés par Christian Grataloup est celui de Constantinople

Source: D'après Christian Grataloup, Lieux d'Histoire, 1996, page 31.

Dans le cadre d'un positionnement théorique, le Centre géographique est au centre géométrique de l'espace (voir figure 1 ci-dessus). Cette centralité est ici pensée non seulement en distance (kilo)métrique mais aussi en termes de distance-temps en fonction des modes de déplacement de l'époque considérée : chevauchées, navigation... 

Puis, à la suite d'une pression (guerre, invasions...) sur une frontière extérieure (fig.2), le lieu-capital des décisions politiques se déplace vers cette région afin de réagir au plus vite face à la menace. On passe donc d'une logique de positionnement théorique à celle d'un positionnement relatif et contextualisé (fig.3).

Ceci à pour conséquence un étirement des distances à l'intérieur de l'espace : les parties les plus éloignées du Centre politique sont désormais plus sujettes à des tendances centrifuges (processus d'autonomisation), voire plus vulnérables aux menaces extérieures (fig.4 et 5). 

Sur un temps plus ou moins long, l'héritage géohistorique du principe de Constantinople est la création de deux entités géographiques à partir d'un seul et unique espace de départ : un espace cohérent autour de la nouvelle capitale décentrée d'une part,  un espace morcelé et fractionné d'autre part (fig.6).

Sources :

GRATALOUP Christian (1996), Lieux d'Histoire. Essai de géohistoire systématique., Montpellier, GIP-RECLUS, Collection Espaces mode d'emploi, 200 pages.

GRATALOUP Christian (2015), Introduction à la géohistoire., Armand Colin, 221 pages.


Pour aller plus loin :

Géraldine Djament-Tran, « Les scénarios de localisation des capitales, révélateurs des conceptions de l’unité nationale », Confins [En ligne], 9 | 2010, mis en ligne le 23 juillet 2010, consulté le 20 septembre 2021. A consulter en cliquant ici.


Définition ajoutée à notre GLOSSAIRE. N'hésitez pas à le consulter pour vous familiariser avec le langage du géohistorien.