Présentation


"La Géographie n'est autre chose que l'Histoire dans l'espace, de même que l'Histoire est la Géographie dans le temps." Elisée Reclus, L'Homme et la Terre, 1905.

L'objectif de ce site est de faire connaître l'épistémologie et les didactiques de la Géohistoire. Il veut être un lieu centralisant les différentes actualités géohistoriques aussi bien dans l'Enseignement que dans la Recherche.

lundi 1 février 2021

Le Mot du Mois : Principe

GLOSSAIRE

Comme toute science sociale, la géohistoire possède son raisonnement propre, qui n'est pas la simple juxtaposition des raisonnements historique et géographique. La spécificité de cette démarche tient dans la combinaison à parts égales de ces deux types de raisonnement. Un bon exemple en est donné par les principes de Christian Grataloup

Un principe géohistorique est un type de modèle spatio-temporel. Il se définit comme "une logique de situation géographique couplée à un processus historique type, l'un expliquant l'autre, sans ordre de préséance heuristique" (Introduction à la géohistoire, page 177). On est donc en même temps dans l'analyse spatiale et dans l'analyse historique. Un principe géohistorique est donc à la fois un chorotype géographique et un chronotype historique. Par son degré de généralisation, il ne prétend pas décrire concrètement la réalité mais en donner une modélisation à des fins d'analyse et de compréhension. On peut dire que la liste des principes présentée ci-dessous est la grammaire de base du raisonnement géohistorique. 

Christian Grataloup a mis en scène 8 principes :

  • Aix : logique d'apparition de nouveaux espaces par fission d'un ancien espace, conséquence de l'étirement des distances par diffusion
  • Bagdad : logique de localisation d'un lieu en situation de carrefour géographique donnant historiquement un processus d'accumulation quantitatif et/ou qualitatif par fertilisation croisée. En contrepartie, cette situation géographique attire des convoitises, cause de fragilisation, voire de destruction (invasion, prédation).
  • Constantinople : logique de décentrement d'un lieu dans un espace-monde conséquence d'un contexte de menaces extérieures. 
  • Hakata : logique d'un lieu en marge, dont le développement est tardif mais dont la situation éloignée le met hors de portée des invasions extérieures. (C'est donc le contraire du principe de Bagdad)
  • Pirenne : logique de la dialectique terre/mer dans la production de continuités/discontinuités spatiales au sein d'une société.
  • Port-au-Prince : logique de domination d'un lieu/espace par un autre lieu/espace dont le milieu est différent. L'espace dominant tire de l'espace dominé des complémentarités géophysiques qu'elle ne possède pas. 
  • Reynaud : logique d'unification d'un espace polycentrique par un sous-ensemble en situation périphérique. (C'est donc le contraire du principe d'Aix)
  • Sapporo : logique de décentrement d'un sous-ensemble en situation périphérique vers le centre géographique d'un l'ensemble spatial. 


Sources : 

GRATALOUP Christian (1996), Lieux d'Histoire. Essai de géohistoire systématique., Montpellier, GIP-RECLUS, Collection Espaces mode d'emploi, 200 pages.

GRATALOUP Christian (1997 ) , "L'espace, personnage historique", in  Bulletin de Liaison des Professeurs d'Histoire-Géographie de l'académie de Reims [en ligne], consulté le 01 /02 / 2021. 

GRATALOUP Christian (2006), "Le principe de Reynaud.", in  Du côté de chez Alain Reynaud, trajectoires de géographe, Travaux de l'Institut Géographique de Reims, vol. 32, n°125-126, pp. 41-54.

GRATALOUP Christian (2015), Introduction à la géohistoire., Armand Colin, 221 pages.


Définition ajoutée à notre GLOSSAIRE. N'hésitez pas à le consulter pour vous familiariser avec le langage du géohistorien.